Incubé depuis 2018 au sein de de X (ex Google Lab), le projet Delta, destiné à lutter contre le gaspillage alimentaire prenait forme. Arrivé en phase opérationnelle, il est désormais transféré à Google. L’annonce a été faite de manière officielle dans une note de blog par Emy Ma. C’est d’ailleurs elle qui dirige le programme Food for Good de Google.
Un projet contre le gaspillage alimentaire né d’un constat
Le projet est parti du constat qu’à travers le monde, 820 millions de personnes ne peuvent s’alimenter comme elles le souhaitent, faute de nourriture. A contrario, d’un autre coté, un tiers de la nourriture mondiale est gaspillée.
Le pays où la nourriture est la plus gaspillée sont les États-Unis, ou le taux de jet des aliments est de 30 à 40%, alors qu’un tiers des Américains ne mangent pas à sa faim. Les pertes sont tout aussi importantes pour les commerçants de denrées alimentaires qui n’écoulent pas leurs marchandises, puisque leurs pertes sont estimées à 57 milliards de dollars par an.
Ces faits sont négatifs pour l’environnement, car ils entrainent une augmentation des gaz à effet de serre (production de méthane), dû aux quantités inutiles d’eau dépensées, mais aussi du carburant, de l’engrais, et de la main d’œuvre.
Selon Emy Ma, les silos de données sont responsables de cet écart entre le gaspillage alimentaire et ceux qui sont dans le besoin alimentaire. Elle affirme: “L’information se trouve également dans des silos au sein des organisations . Il n’existe pas de moyen simple pour les fournisseurs pour partager des informations sur les produits disponibles ni pour les banques alimentaires de communiquer leurs besoins“.
Elle prend d’ailleurs à titre d’exemple une association Texane qui tente de récupérer les surplus avec un producteur d’Orange en Floride, alors qu’un magasin situé à quelques kilomètres de l’association dispose d’oranges dont il veut se débarrasser. Le manque de circulation des informations est donc ici évident.
Identifier les surplus alimentaires pour les rediriger
L’idée centrale est donc de repense le circuit de l’information entre les denrées alimentaires qui seront potentiellement jetées, et les nécessiteux d’un autre coté.C’est en ce sens que les équipes du projet Delta ont œuvré, en pensant à un réseau de distribution alimentaire intelligent.
La firme de Mountain View a donc mis au point un logiciel intelligent basé sur Google Cloud.Les données sont issues de la Southwest Produce Cooperative, un réseau de banques alimentaires. L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique sont utilisés en toile de fond, afin que les aliments puissent notamment être triés en différentes catégories, et que le logiciel puisse en face identifier des besoins correspondant.
Des géants de la distribution Américaine ont d’ores et déjà pris part au projet, comme par exemple Kroger. Ce process lui permet d’écouler ses invendus alimentaires comme les produits frais ou la charcuterie. Emy Ma précise que le logiciel est intelligent, et qu’il est capable d’identifier l’état de la marchandise, en prenant en compte par exemple les dates de péremption.
Un deuxième prototype à base de vision par ordinateur
UN second projet, à base de vision par ordinateur, est également en cours de développement. L’idée içi est d’identifier les par images les nourritures jetées dans les cuisines de restaurants de la société mère Alphabet.
Cette tâche est d’habitude réalisée manuellement, mais elle est chronophage , pour tout ce qui concerne le tri et le suivi alimentaire.Après une période de tests de 6 mois, “ce système est désormais capable de collecter automatiquement deux fois plus d’informations sur les déchets alimentaires de la cuisine qu’en manuel”. Par exemple, si le système identifie qu’il y a du riz qui est gaspillé, il peut recommander à ce qu’il soit retravaillé avec d’autres aliments.
En France, des start-ups comme Phenix se sont également penchées sur le sujet, mais les budgets alloués sont moindres, et le déploiement probablement plus long à mettre en place.
Yvan Dupuy