reconstitution scènes de crimes
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La start-up basée à Aix En Provence Perspectives est une spécialiste des technologies 3D. Elle annonce collaborer avec le Laboratoire d’Analyses Criminalistiques (LAC) de Marseille pour proposer des reconstitutions de scènes de crimes de manière numérique , pour faciliter le travail de la magistrature.

Une levée de fonds de 1,9 millions d’euros

Perspectives confirme réaliser une levée de fonds de 1,9 millions d’euros pour accélérer la commercialisation de sa technologie 3D de réalité virtuelle. Elle déploie cette dernière dans des secteurs comme la construction, l’industrie 4.0, la construction, ou bien encore la muséographie. Elle a par exemple travaillé sur la reconstitution 3D de la grotte préhistorique Cosquer à Marseille

La PME Aixoise vient d’investir une nouvelle niche de marché: les scènes de crimes. Pour y parvenir, elle travaille aux cotés du Laboratoire d’Analyses Criminalistiques de Marseille (LAC). Un organisme qui est spécialisé dans l’analyse des scènes de crimes, et leur reconstitution, La la morphoanalyse des traces de sang permet en effet de retracer de nombreuses données concernant l’évènement comme la chronologie des faits ou la localisation des acteurs.

Elle a nommé sa nouvelle solution dédiée “Crim 3.0”. Cette denrière est capable d’analyser des données comme l’ADN, les empreintes digitales, les données balistiques, ou bien encore les traces de sang…).

Déjà 40 reconstitutions de scènes de crime à son actif

Romain Senatore, président et cofondateur de la société avec Stéphane Kyles déclare au sujet du produit Crim 3.0: “En un an et demi, nous avons réalisé une quarantaine de reconstitutions 3D, principalement sur des homicides mais pas seulement. Nous intervenons à la demande du laboratoire, si lui-même a été sollicité par le juge ou le procureur. Notre modélisation permet de visualiser à 360° l’intégralité du lieu, en y insérant l’ensemble des éléments du dossier d’enquête. Tous les angles de vues sont possibles : on peut voir la scène depuis les yeux de la victime, de l’agresseur ou d’un témoin…”

La technologie 3D permet surtout et avant tout de figer une scène de crime au plus proche de la réalité des faits. Contrairement aux photos (2D), la réalité virtuelle en 3D permet en outre de donner beaucoup plus de détails sur une scène, et notamment au niveau des détails, qui peuvent souvent faire la différence en matière d’analyse.

Une solution capable de recouper des informations

Outre la reconstitution et l’analyse de scènes de crimes, la solution “Crime 3.0” peut en outre recouper différentes informations corolaires à la scène de crime: scellés judiciaires, procès verbaux…Sa collaboration avec le LAC permet en outre d’ajouter, au fur et à mesure, d’intégrer de nouveaux éléments qui peuvent être indispensables pour faire progresser une enquête: météo, lieu, acteurs…

“Notre travail est de donner vie à toutes ces informations sans jamais interpréter quoi que ce soit. Nous avons travaillé sur une reconstitution en réalité virtuelle où le lieu avait été complètement détruit. Lors de la procédure de reconstitution des faits par la justice, les prévenus, équipés d’un casque, y ont été immergés pour exposer leur version de l’affaire. On peut imaginer aussi que la réalité virtuelle évite de se déplacer sur un site risqué, par exemple une cité exposée à des trafics… Elle permet en outre de réduire les coûts par rapport à une reconstitution physique.”

Finalement, cette solution permet une modélisation plus que fidèle d’une scène de crime, permettant aux équipes judiciaires de pouvoir avancer plus vite dans leurs enquêtes.

D’ailleurs, la société compte bien normaliser sa solution (norme ISO). Romain Senatore donne sa point de vue sur le bien fondé de cette démarche: “L’idée consiste plus à définir précisément une méthode qu’à limiter la concurrence. Il faut éviter les dérives et la course technologique sans queue ni tête. La technologie doit être cadrée pour être efficiente.”

Notons que la société est même intervenue dans la formation professionnelle de magistrats de la Cour d’Appel d’Aix en Provence pour ce qui concerne les nouvelles technologies. ils ont, à cette occasion, pu s’immerger dans des scènes de crime modélisées, via la technologie de réalité virtuelle.

Mr Senatore conclut sur ce point en affirmant: “Au début, le scepticisme était de mise. Mais les démonstrations ont révélé une appétence pour ces solutions. Nous poursuivrons ces formations pour échanger sur les besoins de la justice et mesurer aussi nos limites. Nous sommes convaincus que nos solutions peuvent nous ouvrir des portes aux États-Unis. Là-bas où la justice est payante, les cabinets d’avocats voient d’un très bon œil notre savoir-faire qui peut apporter un réel plus en termes d’investigations, de constatations et bien entendu de business.”

Yvan Dupuy