La start-up Djamo est la première jeune pousse Ivoirienne a intégrer un incubateur, Y Combinator en l’occurrence. Et autant que son projet est innovant et motivant, puisque elle va proposer une application financière aux consommateurs d’Afrique Francophone. Cette région est en effet très mal lotie en la matière, et elle souhaite combler cette lacune au plus vite.
Démocratiser l’accès à une application financière
Dans cette région précise, seulement 25% de la population possède un compte bancaire, sachant que les banques se concentre majoritairement sur les 10 à 20% de la population la plus riche.
La tranche la moins riche (100 millions de personnes), considérée comme non rentable, n’est du coup pas prise en compte et aidée. Mais, ces dernières années, l’essor des opérateurs de télécommunication de la région ont changé les modes de vie de la population. ll était donc urgent de créer des applications financières, capables de permettre à la population accès à des moyens de paiements plus facile pour leur quotidien.
Djamo a donc décidé d’exploiter ce segment de marché, d’une tranche de la population “mise de coté” jusqu’à présent, mais qui présente toutefois un fort potentiel de croissance.
Une start-up née d’une rencontre
En 2019, Hassan Bourgi, un deuxième fondateur, est retourné en Côte d’Ivoire après avoir quitté sa startup basée en Amérique latine, Busportal, pour la société Naspers redBus. Là, il a rencontré Régis Bamba qui travaillait toujours chez MTN, l’une des plus grandes entreprises de télécommunications d’Afrique, menant plusieurs projets d’argent mobile.
Marqué par les mauvaises expériences bancaires qu’ils ont eues sur place, Bourgi et Bamba ont décidé de créer la start-up Djamo l’année dernière, afin de faire tomber les monopoles bancaires locaux méprisant les classes de la population les moins aisées.
«Les services bancaires sont vraiment difficiles d’accès ici, et nous avons vu cela comme une énorme opportunité», a déclaré Bourgi, PDG de Djamo. IL a souligné également l’importance de leur expérience respective qui leur a servi pour créer l’entreprise: «Depuis le premier jour, nous voulions concevoir une plate-forme mobile-first qui pourrait percer dans les masses et notre expérience combinée dans la création de produits de consommation grand public a été fondamentale pour lancer Djamo.“
Mr Bourgi affirme aussi sa volonté de répondre à la génération des millénals, qui essaient de créer des partenariats avec les entreprises technologiques, et veulent fonctionner différemment de la majorité de la population. Il souhaite donc répondre à leur demande.
En fait, l’entreprise a développé des services de paiement adaptatifs , en fonction des différentes couches de la population. Les Ivoiriens peuvent donc désormais payer de manière électronique sur des plateformes tels que Amazon, Alibaba ou Netflix, en associant par exemple leur propre carte bancaire de type Visa.
Le business model de l’entreprise ? il est plutôt freemium, car il propose une carte bancaire sans frais, avec un certain plafond de dépenses. Au delà, une carte premium est proposée, coutant seulement 4$ par mois. Cette dernière propose des plafonds de paiement beaucoup plus élevés.
Aujourd’hui, Djamo revendique pas moins de 90 000 utilisateurs enregistrés et traite plus de 50 000 transactions par mois. Djamo a relativement peu de concurrence, contrairement par exemple à un pays voisin comme le Nigéria, ou des acteurs comme par exemple Flutterwave et Paystack sont déjà bien établis.
Une application de livraison en parallèle
Les fondateurs de Django ont aussi constaté que les services de logistique et de livraison en cote d’Ivoire étaient quasi inexistant. Ils ont donc crée une une application de livraison avec des agents de livraison internes.
Tous ces développements ont été rendus possibles grâce à une levée de fonds en pré-amorçage, d’un montant de 350 000 dollars auprès d’investisseurs privés. Et plus globalement, les fondateurs veulent sortir l’Afrique Francophone des méandres de l’oubli dans lesquels elle se trouvait depuis de nombreuses années, vis à vis des investisseurs.
Une réussite qui semble donc à porté de main.
Yvan Dupuy