Chères lectrices, chers lecteurs,
Le Sénégalais Boubacar Sagna a inventé le principe d’une carte prépayée exclusivement réservée aux dépenses de santé. Il cofonde aujourd’hui la start-up Yenni et espère toucher grâce à ce concept la sphère francophone des pays Africains. Au delà de l’aspect Business, Boubacar prône une vision humaniste de l’entrepreneuriat.
Un rêve Français et Toulousain
Un homme détonnant dans l’univers des start-ups Toulousaines. Né en Mauritanie il y a 35 ans d’une mère malienne et d’un père sénégalais, il se définit lui-même comme un « Sahélien »
« Certains ont un rêve américain, mon rêve était français et toulousain. J’ai choisi de m’installer ici par admiration pour l’historien Bartolomé Bennassar, qui enseigne à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, et dont j’avais lu les ouvrages, raconte ce grand passionné de lecture. Déjà enfant, en Mauritanie, lire me permettait de m’évader lorsque j’étais rejeté parce que j’étais le seul noir de mon village. »
Une fois installé dans la ville rose, Boubacar enchaine les missions et les CDD. IL a notamment travaillé dans le service des relations internationales de la ville.
En 2014, à l’occasion d’un déplacement en compagnie de Pierre Cohen dans la ville de Saint-Louis du Sénégal, il a l’idée de créer la carte d’épargne santé Yenni :
« En France, on a la chance d’avoir la carte Vitale quand 80% des Africains n’ont pas de couverture santé, relève-t-il. Pourtant, la diaspora sénégalaise opère déjà une forme de mutualisation en ponctionnant une partie de son salaire pour l’envoyer en Afrique. Depuis 2008, on observe le grand essor du “cash-to-goods” ».
Yenni signifie “soulager” en Wolof. Ainsi, un sénégalais habitant en France peut par exemple économiser chaque 30 mois sur la carte de santé prépayée. Un crédit valable et utilisable à travers de nombreux établissements de santé sénégalais.
Boubabcar nous confie ainsi un pan de sa vie assez difficile, qui a poussé son idée:
« Il y a trois ans, quand ma tante m’a appelé pour me demander de l’argent pour payer les soins d’un cousin malade en Afrique, je n’ai pas pu l’aider. Il est mort quelques jours plus tard. »
Boubacar Sagna: Un parcours humaniste à Toulouse
Avant de s’investir dans sa start-up, Boubacar s’est investit dans les milieux difficiles Toulousains, là où certains pensent ne plus avoir d’avenir (cité de la Mirail). Il a souhaité leur communiquer le message qu’il est possible de s’en sortir en ne tombant pas dans la délinquance, et en créant sa propre start-up.
Yenni a également signé un partenariat au Sénégal avec une société de taxis qui géolocalise ses véhicules, pour trouver les centres de soins les plus proches.
« Nous ne sommes pas qu’un moyen de transfert d’argent, nous voulons être une solution pour améliorer la santé en Afrique », lance avec aplomb Lassina Gbakalé, qui prévoit déjà d’utiliser une partie de bénéfices de la startup pour acheter du matériel médical pour les hôpitaux africains.
1981 Naissance en Mauritanie.
1989 S’installe au Sénégal pour fuir les conflits dans son pays.
2002 Arrive en France et devient étudiant en faculté d’histoire, à Toulouse.
2014 Crée la société Yenni, avec Lassina et Djomandé Gbakalé.
2017 Lancement du service Yenni.
Yvan Dupuy