En 2016, une étude menée par l’INED révélait que les sites de rencontre jouaient un rôle très minoritaire dans la formation des couples en France : à peine 9 % s’étaient trouvés de cette manière. Les soirées entre amis, le lieu de travail et les lieux publics étaient en tête du classement. Plus de la moitié des utilisateurs des sites de rencontre avouaient même les trouver plus propices aux relations éphémères qu’aux unions sérieuses.
En 2021, le tableau a bien changé. Le confinement n’a fait qu‘accélérer une tendance qui était déjà en plein essor : d’après une étude sur le couple et le mariage réalisée par la faireparterie, 16 % des couples qui se sont mariés en 2020 se sont trouvés virtuellement, propulsant les apps à la deuxième place de la rencontre amoureuse. A l’ère du Covid-19, l’amour se réinvente – et se digitalise.
A partir de 40 ans, trouver l’âme soeur est une affaire virtuelle
Exit le lieu de travail, place à Meetic. Avec le boom des applications, le milieu professionnel passe à la troisième place (15 %). La première place revient bien entendu au cercle amical, qui ne se laisse pas détrôner facilement. Mais cette évolution n’en est pas moins remarquable. Les applications jouent aujourd’hui un rôle bien plus important que les contextes traditionnels tels que les hobbys en commun ou le bar du coin (10 %).
On observe également des différences nettes selon la tranche d’âge. Ainsi, l’importance des applications de rencontre ne fait qu’augmenter avec l’âge. 26 % des 40-50 ans ont trouvé leur conjoint par ce biais, contre 23 % pour le cercle amical. Les sites et apps pour seniors sont devenus un véritable business : Disons Demain, site spécialisé lancé par Meetic, compte aujourd’hui plus de 2 millions d’inscrits.
Avec le confinement, on imagine aisément que le règne des apps est parti pour durer. En l’absence de lieux adéquats pour socialiser, nombre de célibataires jusqu’ici réticents ont été contraints de télécharger Hinge ou s’inscrire sur ÉliteRencontre. Pour découvrir, à leur grand étonnement, que le digital a ses bons côtés. Et qu’en cette période sombre de pandémie, ça fait du bien de pouvoir continuer à flirter, séduire – et plus, si affinités.
Quand les nouvelles technologies redessinent la carte de l’Amour
Quelles évolutions attendent les amoureux post-Covid ? En premier lieu, la disparition totale du stigmate qui pesait jusque-là sur les sites de rencontre. En 2016, 28 % affirmaient cacher l’origine de leur couple à leur entourage, craignant leurs jugements et quolibets. A l’heure où 1 Français sur 3 est inscrit sur un tel site, cette crainte n’est évidemment plus fondée. De marginale, la pratique est devenue monnaie courante.
Malgré les avantages évidents des applications de rencontre, de nombreux experts invitent à la prudence. Les apps offrent à leurs usagers l’impression d’avoir à portée de main un réservoir quasi infini de partenaires potentiels. Ceci peut les inciter à devenir plus superficiels et difficiles, craignant de s’engager trop vite alors que le prince charmant se trouve peut-être au coin du prochain swipe. Le paradoxe du choix, dans toute sa splendeur.
Pour contrer cet effet « supermarché » – et la fatigue qui accompagne les utilisateurs après un temps trop long passé sur les écrans – de nouvelles apps proposent d‘autres modèles. Hinge, par exemple, offre la possibilité de parcourir des profils plus riches en informations avant de matcher pour s’assurer d’une meilleure compatibilité. Ça fonctionne ? Pour la boîte, pas trop mal : elle compte aujourd’hui plus de 6 millions d’utilisateurs.
Yvan Dupuy