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Thierry Breton, PDG d’Atos

Chères lectrices, chers lecteurs,

Atos affichant une belle santé, elle prévoit, dans le cadre de sa croissance commerciale et technique, le recrutement de près de 60 000 personnes d’içi 3 ans. Bonne nouvelle dans un contexte économique morose.

Thierry Breton dévoile ses secrets

Peu d’entreprises, il est vrai, sont capables d’afficher aujourd’hui une santé financière belle et stable. Thierry Breton dévoile cependant les clés du succès de son entreprise:

” Il n’y a aucune recette mais plutôt une constante : j’aime travailler sans dette. Pour moi, c’est un gage de pérennité. Aujourd’hui, alors que les taux d’intérêt sont très bas voire négatifs, certains estiment que « l’argent n’est pas cher », mais cela reste de la dette. La première chose que j’ai faite à mon arrivée en 2008 a été de désendetter Atos. Nous sommes sans doute le seul groupe de notre secteur à avoir plus que doublé de taille en 7 ans, le tout sans nous endetter. Notre chiffre d’affaires et le nombre de nos employés ont été multipliés par deux et notre capitalisation boursière par huit. Mais nous avons fait cela à notre rythme, avec nos moyens, et surtout sans diluer les actionnaires. C’est une bonne philosophie.”

Après l’annonce de la PAC en tant que 8ème entreprise de services numériques, quelle est la direction que souhaite prendre Atos ?

“Ce genre de classements n’a jamais été une fin en soi, même si nous allons vraisemblablement gagner encore une, voire deux places en 2016 et que PAC vient de nous classer première entreprise européenne de services numériques en Europe. La technologie est devenue un facteur vital de compétitivité et notre véritable objectif est d’accompagner nos clients dans leur digitalisation, la transformation de leurs « business models » et la protection de leurs données, devenues trésor de guerre. Nous sommes idéalement positionnés pour cela puisque nous affichons une croissance à deux chiffres dans le Big Data et la cybersécurité, où nous sommes leader européen.  Nous comptons plus de 5000 brevets et figurons parmi les trois premiers groupes mondiaux pour les supercalculateurs avec les technologies héritées de Bull.  Nous sommes dans des métiers où la taille est importante car Atos accompagne ses clients partout dans le monde et pour lesquels la gestion de la donnée devient essentielle.  Nous nous devons de leur proposer des solutions et infrastructures ad hoc. Jusqu’ici, notre croissance organique était de 1,5 à 2% par an. Dans le prochain plan stratégique à 3 ans, nous irons au-delà et poursuivrons également la croissance non organique du groupe.”

Où en est Atos au niveau des fusions & acquisitions ? qu’en est-il de l’intégration des nouveaux entrant ?

Ces dernières années, nous avons dépensé environ 3 milliards d’euros en acquisitions, un chiffre très inférieur à celui de nos concurrents directs qui dépassent les 5 milliards d’euros voire plus. Mais il est vrai que cette croissance par acquisitions est une donnée de notre industrie et que nous avons sur ce plan des équipes et des processus très performants. Tous les ans, des milliers de nouveaux collaborateurs nous rejoignent. Nos processus font qu’ils se sentent à l’aise et, in fine, que les acquisitions génèrent plus de valeur, plus de croissance et plus de technologie au service de nos clients. Cela fait partie intégrante de notre savoir-faire. J’ai dirigé un certain nombre de sociétés et je peux dire que c’est rare et nécessaire. Deuxième spécificité : nous sommes une entreprise scientifique et technologique qui rassemble des sociétés toutes fondées par des ingénieurs. A mon arrivée, j’ai créé la communauté scientifique d’Atos qui réunit, au sein de l’entreprise, nos meilleurs experts dans le monde. Je consacre beaucoup de temps à ma fonction de président de notre communauté scientifique, car, étant scientifique moi-même, je suis passionné, comme les collaborateurs d’Atos, par la technologie. Atos investit plus de 300 millions d’euros par an en recherche & développement. Il est important que tous nos ingénieurs le sachent car c’est là aussi un facteur d’appropriation très puissant.

Dans vos métiers, comment se situe la France par rapport au reste de l’Europe et du monde ?

“Extrêmement bien. La France dispose d’ingénieurs de qualité et d’excellentes filières scientifiques et techniques. Ces ingénieurs sont ceux, je le rappelle, qui ont créé les sociétés à l’origine d’Atos.  Pour l’avenir, les initiatives prises à Saclay et le rapprochement des grandes écoles adressent un message important. Soyez sûrs que ce n’est pas pour rien que Cisco investit en France ! Il nous faut bâtir des Stanford ou Caltech à la française. Et il faut que les jeunes comprennent que les sciences, les mathématiques et la physique offrent des débouchés et des parcours professionnels exceptionnels. Dans les trois ans à venir, Atos va embaucher plus de 60 000 personnes à travers le monde, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, et beaucoup en France aussi !”

Atos en bref

Position: Champion européen des services au numérique en Europe

Création en 1997 par fusion de Sligos, Axime et GSI

Principales acquisitions : Origin, Siemens SIS, Xerox ITO et Bull

Chiffre d’affaires prévisionnel 2016 : 12 milliards d’euros (+13%)

Répartition : infogérance (57%), conseil et intégration (28%), Big Data et cybersécurité (5%) et paiements électroniques (10%)

Flux de trésorerie disponible attendu en 2016 : 550 millions d’euros

Effectif : 99 500 personnes dans le monde, dont 16 500 en France et 15 000 en Inde, Afrique et Moyen-Orient

Yvan Dupuy